Une maladie est dite psychosomatique lorsqu’aucune cause organique n’a été trouvée. D’origine émotionnelle, elle aurait été découverte depuis la haute Égypte, mais n’a été réellement acceptée qu’après la découverte de l’inconscient à l’époque de Freud, celui qui a soutenu l’interaction entre le psychique et l’organique. Aujourd’hui, plusieurs affections sont provoquées ou aggravées par un trop-plein émotionnel lié au stress, au deuil, ou encore à l’angoisse.
Le psychique affecte le physique… et inversement
Les maladies psychosomatiques sont le résultat de l’interaction entre le système nerveux et le système immunitaire. Lorsqu’un événement influe sur le moral, celui-ci en est bouleversé et provoque ainsi certains signaux sur le physique. Par exemple, notre cœur bat de plus en plus fort en cas de forte émotion telle que la peur ou la surprise. Dans un autre registre, le deuil ou les déceptions affectives (la perte d’un objet de grande valeur ou la séparation dans une relation amoureuse) provoquent de la tristesse, de la nostalgie ou de la colère sur le psychique.
De son côté, le corps connaît des troubles somatiques : douleurs, perte d’appétit, troubles du sommeil, malaises… Néanmoins, chacun a ses propres réactions face aux angoisses internes et aux tensions extérieures (comme le stress). Lorsque la difficulté morale est passagère, notre esprit peut gérer la situation et rétablit l’équilibre sans que le physique en souffre. En revanche, les problèmes personnels ou professionnels qui persistent peuvent rudement atteindre le moral qui n’arrive plus à mettre en place des mécanismes de défense. Dans ce cas, le physique va émettre des signaux de détresse : un simple malaise jusqu’à l’apparition ou l’aggravation d’une pathogène. On parle alors de maladie psychosomatique.
Inversement, les maladies organiques influencent également le psychique, c’est-à-dire qu’une désorganisation somatique peut aussi mettre le moral à dure épreuve. Par exemple, une pathologie comme le cancer peut provoquer l’anxiété ou même la dépression. La causalité entre la maladie organique et les troubles psychiques forme ainsi un cercle vicieux que chaque médecin doit prendre en compte. D’ailleurs, les émotions négatives aggravent environ 90% de toutes les maladies, et environ plus de 50% des maladies traitées par les médecins sont psychosomatiques.
Ce que disent les scientifiques
Le corps et la psyché sont intimement liés : l’un ne peut vivre sans l’autre et ils sont en constante interaction. Pour confirmer les conséquences d’une détresse morale sur le physique, des recherches en psycho-neuro-immunologie ont conclu que le trop-plein émotionnel du système nerveux implique la production d’hormones corticoïdes qui abaissent les défenses immunitaires de l’organisme. L’exposition aux affections est alors inévitable.
Le stress est le principal facteur psychique qui déclenche ou favorise une maladie psychosomatique. Cela se produit durant trois phases : celle dite d’alerte, de lutte puis d’épuisement. C’est au cours de cette dernière que le cortisol sécrété par les glandes surrénales puise les réserves d’énergie du corps. Les infections peuvent alors facilement toucher l’organisme.
L’esprit est un fervent garde du corps de notre organisme. Il agit différemment en fonction du type de stress rencontré :
- Il peut notamment établir un système de défense capable d’éviter, sinon de limiter, l’impact physique du stress lorsque celui-ci est facilement repérable ;
- Il peine en revanche à mettre en place ce mécanisme lorsque le stress est inconscient, c’est-à-dire lorsqu’une certaine angoisse n’est pas ouvertement définie. C’est notamment le cas lorsqu’un employeur exerce une pression indirecte au travail en utilisant des gestes ou des mots ambigus. Cela génère un stress inconscient qui amène le corps à somatiser lorsqu’il perdure, provoquant ainsi inévitablement une maladie.
Concrètement, le deuil, la rupture amoureuse, les séparations (avec les parents par exemple pour un bébé), les névroses, les difficultés professionnelles ou encore l’anxiété sont les principales causes d’une maladie psychosomatique.
Les différents symptômes
On parle ici des effets de l’angoisse interne ou des tensions externes sur l’organisme. Cela varie évidemment d’un individu à l’autre et s’arrête par exemple au niveau moral pour certains, sans que le physique soit atteint. Lorsque le moral est soumis à une forte pression, les symptômes peuvent se limiter aux psychés : panique, délire, décompensation psychotique, phobie ou même dépression. Ils peuvent également prendre une forme somatique en provoquant des troubles fonctionnels ou des maladies organiques.
Les maladies psychosomatiques ne sont pas listées exhaustivement, mais les plus courantes sont les eczémas, les asthmes, les céphalées, les coronaropathies, les colopathies et les coliques idiopathiques (chez les bébés et les enfants). Les symptômes varient en fonction de l’individu, mais aussi du type de trouble psychique :
- Les névroses attaquent souvent le foie, le côlon et les intestins pour provoquer des troubles gastro-intestinaux. Citons parmi eux le reflux gastrique, la constipation ou le ballonnement, la colopathie fonctionnelle ou encore le syndrome du côlon irritable ;
- Le stress, l’émotivité, l’angoisse et la contrariété provoquent des maladies cutanées : chute des cheveux, aphtes, herpès naso-labial, dartres, verrues, psoriasis ;
- Une poussée d’adrénaline ou hormone du stress peut être responsable d’une hypertension artérielle ou d’une migraine. Elle favorise également les risques d’infarctus du myocarde ;
- Chez certains sujets, les dérèglements émotifs peuvent causer des déséquilibres alimentaires tels que l’anorexie, l’obésité, la boulimie, l’alcoolisme ;
- Chez l’enfant, l’incapacité à exprimer le mal-être et le stress permanent incite son corps à les extérioriser par les eczémas, l’asthme précoce, ou les retards de croissance. Il n’est pas non plus rare que cela provoque l’anorexie mentale (chez le nourrisson), l’insomnie ou dérèglement du sommeil, ou encore des vomissements.
Cette liste n’est pas non plus exhaustive et une même difficulté psychique peut induire des maladies différentes en fonction du sujet. Dans tous les cas, le diagnostic pour ces types d’affection ne peut aboutir à une maladie psychosomatique qu’en l’absence de causes organiques. Chez le nourrisson et l’enfant surtout, les parents peuvent facilement tomber dans une psychologisation abusive due à leur ignorance.
Ainsi, l’ulcère de l’estomac n’entre pas dans la catégorie des maladies psychosomatiques puisqu’il est dû à une bactérie appelée hélicobacter pylori dans la poche gastrique. En effet, cette affection disparait complètement après un traitement antibiotique sans qu’un déséquilibre psychique la déclenche une nouvelle fois.
Le diagnostic et les traitements nécessaires
Une maladie psychosomatique n’a rien de différent par rapport à une maladie classique sauf en ce qui concerne la cause. Le diagnostic du médecin commence toujours par un interrogatoire pendant lequel il pourra déterminer s’il s’agit d’une cause psychique (émotivité, surmenage, angoisse, anxiété) ou somatique (présence de bactéries ou de virus, détérioration d’un organe…). Lorsque les symptômes reviennent rapidement après des traitements classiques de première intention, le praticien va réaliser d’autres analyses : échographie abdominale, électrocardiogramme, endoscopie, holter, etc.
La prise en charge va alors à double sens avec un traitement médical pour atténuer la crise et une psychothérapie pour rééquilibrer le dérèglement psychique. Le travail psychothérapique consistera à dénouer l’emprise des émotions ensevelies en permettant au psychisme d’avoir des ressources pour réguler de lui-même les tensions. Ce mécanisme de défense établi par la psyché (provoqué par le traitement psychothérapique) évitera la récidive de la maladie.
Le psychothérapeute commence par écouter son patient et l’aider à déceler les éventuelles causes psychologiques de sa maladie. Psychothérapie comportementale, analytique ou encore de soutien, cette étape permet de soulager les symptômes et d’arrêter la somatisation du trouble psychique. La relaxation sera ainsi conseillée pour identifier toutes les zones de tension dans l’organisme. L’hypnose, l’acupuncture et bien d’autres procédés alternatifs permettent également de retrouver l’équilibre émotionnel.
Quelques astuces pour prévenir les maladies psychosomatiques
Il s’agit d’apprendre à contenir son stress et à canaliser ses angoisses afin que l’organisme puisse établir un système de défense capable d’éviter la somatisation. La pratique du sport est évidemment le premier conseil ultime pour lutter contre toutes les affections et atténuer le stress. Viennent ensuite l’équilibre alimentaire, la consommation modérée d’alcool, de café et de tabac.
Le sommeil est également un meilleur allié pour éviter les affections psychosomatiques. En effet, la phase de sommeil profond au début du coucher atténue l’épuisement physique. Quant à la phase dite « paradoxale », elle permet à l’inconscient d’organiser et d’équilibrer les émotions ressenties au cours de la journée. La sieste est également indispensable, car elle aide à se détendre, à soulager la fatigue nerveuse et à booster les défenses immunitaires en bloquant les agressions microbiennes et virales.
Autant que possible, il est conseillé de s’adonner à des activités ludiques en dehors du travail qu’il s’agisse de sorties, de lecture, de jeux en tous genres… Enfin, les exercices de relaxation tels que le yoga ou le stretching ainsi que les soins liés au bien-être (sauna, massage…) évitent le trop-plein émotionnel.
Pour aller plus loin :
Manifestations fonctionnelles et psychosomatiques https://www.psychisme.org/Clinique/Psychosomat.html