Les médecins alertent sur un manque de moyens généralisé
175 médecins du milieu hospitalier se sont mobilisés, et réclament au gouvernement Édouard Philippe plus de moyens pour assurer leurs « missions de service public ». Selon ces professionnels de la santé, c’est une alerte sur la « dégradation exponentielle du service public hospitalier ».
Historique des requêtes
En septembre 2017, grâce à une initiative des médecins hospitaliers de la région Auvergne-Rhône-Alpes, des milliers de personnels d’hôpital dénoncent une « mise en danger de la vie d’autrui ». Ils faisaient fermement appel à une insuffisance notoire des effectifs soignants et la précarité des moyens mis à leur disposition.
Dans une requête ouverte adressée à la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, ils lancent un véritable message de détresse. Il faut dire que le milieu hospitalier a toujours fait l’objet de réformes depuis une quinzaine d’années. Celles-ci ont affecté aussi bien le personnel soignant que les infrastructures de soins, publiques et privées. De grandes manifestations, comme celle de la journée « vague blanche » du 8 novembre 2016, ont ainsi marqué les esprits. Infirmiers, aides-soignants et autres personnels d’hôpital ont, depuis, fait pression envers leur ministère de tutelle pour dénoncer des conditions de travail en nette dégradation.
Une mise en danger de la vie d’autrui
Si aujourd’hui, les médecins du milieu hospitalier, public ou libéral, ont repris le flambeau, c’est que la requête de septembre 2017 n’a pas trouvé écho auprès du ministère. Et, si la pression est montée d’un cran, c’est que les cas de mise en danger sont alarmants au sein des infrastructures de soins publiques.
D’après un membre de l’intersyndicale Avenir hospitalier, les patients admis dans un hôpital public voient leur risque de mortalité élevé. C’est une véritable crise aux urgences. En effet, ce risque de mortalité s’accroit considérablement lorsque le malade attend dans ces services, voire dans les couloirs de l’hôpital, sans aucune intervention. C’est la conséquence d’une surcharge d’activités au sein des services d’urgence, dont cette situation a entraîné le décès d’un septuagénaire à Reims.
Mais il y a surtout le manque cruel de personnel disponible pour prendre systématiquement les malades en main. Le décès en mars 2018 d’une sexagénaire à Rennes a, une fois encore, alerté les opinions sur la nécessité de prendre des mesures d’urgence.
D’autres cas tout aussi inquiétants sont assimilés au manque de lits dans les hôpitaux. C’est véritablement une mise en danger de la vie d’autrui et une non-assistance à personne en danger, selon les syndicalistes. La vie des patients est mise en péril, et les professionnels du métier restent sans moyens pour remplir leurs missions.
Ces cas de décès médiatisés ont été déterminants pour relancer les revendications. Toutefois, ce n’était pas les seuls leviers. En effet, des cas de suicide dans le milieu même des soignants ont été mis au jour suite à de mauvaises conditions de travail. Le cas des cinq infirmiers qui se sont donné la mort en France, juste en un seul été en 2017, a fait rompre le silence autour de ces conditions de travail précaires. En réalité, c’était le silence même du ministère de tutelle que les syndicats déploraient en ce temps. Les organisations professionnelles du métier ont toutes pointé ces drames comme étant la résultante d’un manque de dispositifs d’écoute à l’endroit du personnel soignant.
Des mesures insuffisantes face à une situation de plus en plus préoccupante
Concernant ces cas de suicide, la précédente ministre de la Santé, Marisol Touraine, rappelait en son temps l’ampleur les travaux déjà accomplis face à ces risques psychosociaux en milieu hospitalier. Il y avait, entre autres, la mise en place d’une action de formation prioritaire pour les établissements. Un appel à projets nationaux était également lancé pour réaliser une grande enquête auprès du personnel soignant. Ceci entrait dans le cadre du dispositif Développement professionnel continu (DPC).
Entre les années 2015 à 2017, si 3 milliards d’euros d’économie ont été faits sur l’hôpital, les syndicats comptent par contre près de 22 000 suppressions de postes. En parallèle, ils signalent une fréquentation accrue des hôpitaux. Le cas est avéré : la population en âge de vieillesse privilégie une consultation en milieu hospitalier que chez le médecin traitant.
Des plans de prévention des risques ont également été mis en place depuis 2017. La promulgation de la loi de modernisation du système de santé depuis 2016 devait regrouper les hôpitaux afin de mutualiser les moyens pour être plus efficace dans leurs interventions.
Du côté des services hospitaliers, la solution reste évidente : stopper toute fermeture de lits d’hôpital, suspendre toute suppression de postes soignants, et former de nouveaux personnels d’aide au plus vite.