L’alimentation représente un besoin physiologique et psychologique pour le corps, car il y puise des protéines et de l’énergie nécessaires à son équilibre quotidien. Il y a alors carence nutritionnelle lorsque l’organisme n’a pas reçu la quantité suffisante de nutriments dont il a besoin. Cela peut provoquer une sous-nutrition/malnutrition qui peut être fatale ou des maladies plus ou moins graves. Inversement, une pathologie ou des troubles de certains organes peuvent provoquer une insuffisance nutritionnelle.
Qu’est-ce qu’une carence nutritionnelle ?
La carence nutritionnelle se produit lorsqu’on n’absorbe pas la quantité suffisante de nutriments nécessaires à l’équilibre alimentaire de notre organisme. En France, ce sont les apports nutritionnels conseillés (ANC) qui définissent la ration « idéale » pour ces nutriments. Il y a carence lorsqu’une personne n’a pas pu absorber au moins 2/3 des ANC.
Ce manque est déterminé de manière précise et peut concerner des micronutriments (vitamines, oligo-éléments, minéraux) ou des macronutriments (glucides, protéines, lipides). Il se définit au niveau du métabolisme cellulaire et non pas seulement sur ce qu’il y a dans la ration alimentaire quotidienne.
Parmi les principales origines d’une carence nutritionnelles, il y a :
- Une insuffisance nutritionnelle dans l’alimentation : il s’agit d’une carence d’apport au niveau de l’alimentation quotidienne. Un nutriment bien précis n’est pas contenu dans l’assiette de manière volontaire ou non. Cela se produit généralement lors d’un régime (carence en vitamine C qui provoque le scorbut), lorsque le nutriment n’est pas contenu dans l’aliment disponible ou lorsqu’il contient des antialiments naturels ou toxiques (les sulfites détruisent notamment la thiamine) ;
- La malabsorption : cela se produit lorsque l’alimentation contient le nutriment, mais que l’organisme n’arrive pas à l’absorber normalement dans son système digestif à cause de troubles enzymologiques ou mécaniques. Une maladie de l’intestin grêle est, par exemple, à l’origine de la sprue, une maladie provoquée par la malabsorption de fer, de calcium ou de graisse bien que ces éléments soient contenus dans le bol alimentaire ;
- Le défaut d’assimilation : dans ce cas, le bol alimentaire contient le nutriment qui est à son tour bien absorbé par les voies digestives, mais c’est le métabolisme cellulaire qui ne l’utilise pas comme il le faut. Le diabète est par exemple la conséquence d’une mauvaise utilisation du glucose au niveau cellulaire.
En France, la carence nutritionnelle concerne essentiellement certaines sous populations et seulement de manière modérée, sans gravité. Les personnes âgées vivant dans les institutions spécialisées sont notamment sujettes à diverses carences. Les femmes enceintes ou en âge de procréer ainsi que les enfants du jeune âge, quant à eux, font souvent l’objet d’une carence en fer. Et l’échelle mondiale, jusqu’à 1/3 de la population serait au moins victime d’une carence alimentaire.
Les types de carence alimentaire les plus courants
Il existe plusieurs micronutriments et macronutriments dont le corps a besoin pour puiser de l’énergie et rester en bonne santé. Chaque carence liée à chacun d’eux peut avoir des conséquences plus ou moins graves en fonction du nutriment en question, de la durée du manque et des actions entreprises par la personne concernée. Certaines peuvent alors induire des maladies très graves, voire le décès.
La carence en calcium
Il s’agit du manque le plus connu dans le monde grâce aux médias et aux publicités sur les produits laitiers, mais il n’est pas le plus fréquent. Il touche essentiellement les femmes en ménopause et les seniors, mais les enfants sont ceux qui sont les plus vulnérables lorsqu’ils sont touchés.
La carence en calcium n’émet pas nécessairement des signes extérieurs dans l’immédiat, mais peut provoquer de graves maladies, voire le décès. En cas de manque prolongé, le sujet souffre d’une insuffisance de la masse osseuse, de convulsions, de problèmes de rythmes cardiaques et d’affaiblissement des os (ostéoporose). Notons que l’organisme contient plus d’un kilogramme de calcium, puisque ce minéral participe au développement des os, des dents ; des nerfs, des muscles et du cœur. L’organisme a ainsi besoin de 500 mg de calcium par jour pour un bébé de 1 an, et de 1 300mg pour un jeune de 18 ans, une femme enceinte ou un senior ; la moyenne pour un adulte étant 1 000mg/jour.
Pour en absorber une quantité suffisante ou pour pallier une éventuelle insuffisance, il faut bien choisir les aliments riches en calcium. Parmi eux, il y a les laitages (lait, yaourt, fromage, principalement les fromages à pâte cuite), la sardine à l’huile, le persil, le cresson, l’épinard, l’amande…
La carence en fer
Également appelée anémie ferriprive, la carence en fer est la plus courante puisqu’elle touche plus de 30% de la population mondiale selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le fer est le principal minéral qui participe à la production de globules rouges. Lorsqu’une personne est victime d’une insuffisance en fer, ses globules rouges deviennent plus pâles, plus petits et moins nombreux.
L’anémie ferriprive provoque plusieurs symptômes : de grosses fatigues, des maux de tête, la chute de cheveux, la frilosité, un retard de croissance, une diminution de la faculté intellectuelle, un manque de tonus musculaire… La viande rouge, le jaune d’œuf, les légumes verts feuillus, les palourdes, les huîtres, les moules, la laitue de mer ou encore la spiruline sont les aliments les plus riches en fer. Aussi, l’organisme a besoin de 10mg de fer par jour et cela monte de 15 à 20mg/jour pour une femme qui a ses règles.
La carence en magnésium
Ce manque est souvent négligé alors qu’il touche la majorité de la population dans le monde, dont 23% des femmes et 18% des hommes en France. Le corps d’un homme a besoin de 420mg/jour de magnésium et 360mg/jour pour celui d’une femme. En cas de carence, le sujet est atteint de stress, de fatigue ou de crampes musculaires et est facilement irritable. Dans de plus rares cas, cela peut amener à la tétanie, voire le décès.
On retrouve le magnésium dans les fruits de mer, la peau des graines, les poissons, les mollusques ou encore les fruits à coque. Le cacao, l’amande, la spiruline, l’arachide, les noix et noisettes, la palourde ou encore le chocolat sont notamment les aliments à forte teneur en magnésium.
La carence en protéines
Également appelé « kwashiorkor », le manque de protéines touche principalement les jeunes enfants de 6 mois à trois ans dans les pays pauvres. Cela se produit lorsque leurs aliments ne contiennent pas de nutriments d’origine animale alors qu’ils ne sont plus allaités au sein. Les premiers symptômes sont la fatigue, l’irritabilité, la léthargie ou encore l’anémie. En l’absence de correction alimentaire ou de traitement adapté, la carence conduit à un retard ou un arrêt de croissance, l’amaigrissement et la diminution de la masse musculaire, le gonflement du ventre, ou encore à des troubles digestifs et mentaux.
Lorsque le traitement est effectué à temps, l’enfant peut retrouver une santé « normale », mais avec des séquelles telles que les troubles mentaux et la taille réduite. La consommation de viande, de lait ou de poisson permet notamment de corriger cette carence. En revanche, le retard ou l’absence de traitement provoque inévitablement le décès.
Les carences en vitamines
Les vitamines sont des apports essentiels pour la croissance, l’équilibre et la santé de l’organisme aussi bien au niveau physique que mental. Il en existe plusieurs et les carences correspondantes varient également en conséquence.
Le manque de vitamine A est à l’origine de la majorité des cas de cécité chez l’enfant selon l’OMS. Chez la femme enceinte, cela augmente le risque de mortalité maternelle. Cette vitamine est effectivement très importante pour la santé des yeux, le système immunitaire et la reproduction. Elle se trouve dans le lait maternel ainsi que les légumes verts (brocoli, haricots verts, poivron…), les fruits et légumes oranges (carottes, abricots, papayes…), et les fruits rougeâtres.
Le manque de vitamine B1 ou thiamine est à l’origine de lésions nerveuses et musculaires ainsi que de problèmes cardiaques. Lorsqu’il perdure, il provoque une maladie appelée béribéri qui s’annonce par la fatigue, la faiblesse musculaire et l’amaigrissement du patient. Cette carence est particulièrement courante chez les populations qui mangent du riz décortiqué.
La carence en vitamine B3, également appelée vitamine PP ou niacine, conduit à la pellagre, une maladie qui reste rare pour les personnes qui mangent de la viande. Cette vitamine est effectivement présente dans la majorité des protéines. La victime de la pellagre souffre de lésions cutanées, de diarrhée et de trouble nerveux, voire de démence. Cette pathologie peut provoquer une mort soudaine.
La carence en vitamine B9 conduit à des troubles du système nerveux, du développement du cerveau et de la production d’ADN et de globules rouges. Également appelée folate, cette vitamine participe grandement au développement fœtal et à la formation du cerveau et de la moelle épinière des tout-petits. Le manque de folate provoque des anomalies congénitales, l’anémie ou des troubles de croissance. Ce nutriment est présent dans la viande de porc, les crustacés, la volaille, les haricots et les légumes verts.
La carence en vitamine C est également très répandue et lorsqu’elle perdure, elle conduit à une maladie appelée scorbut. Parmi les symptômes les plus courants, il y a le saignement des gencives, la fatigue et parfois la perte des dents. La vitamine C est présente dans tous les fruits et légumes et c’est pour cette raison que les marins, privés de ces aliments pendant une longue durée, étaient les plus sujets au scorbut.
Le manque de vitamine D représente une épidémie mondiale puisqu’elle touche plus de 50% de la population. Cette vitamine joue un rôle important sur la santé osseuse et la fixation de calcium adapté à l’organisme, notamment pour le développement des os et des dents. Une carence en vitamine D peut ainsi provoquer un retard ou un trouble de la croissance osseuse (rachitisme) et par extension aux conséquences d’une carence en calcium. La vitamine D se trouve dans les produits laitiers, le saumon ou l’huile de foie de morue. Sachez que l’exposition au soleil de 5 à 30 minutes permet à la peau de fabriquer de la vitamine D. L’organisme en aura assez si cette exposition se fait au moins 2 fois par semaine.
Les origines et symptômes des carences nutritionnelles
Dans tous les cas, la carence alimentaire est essentiellement due à l’indisponibilité ou la pauvreté des apports dans les aliments, notamment dans les pays sous-développés. Dans les pays riches, cela peut provenir d’un régime déséquilibré qui n’apporte pas les nutriments essentiels à l’organisme. Enfin, la grossesse, le cancer du côlon ou encore les troubles gastro-intestinaux sont aussi à l’origine de la carence nutritionnelle.
Si les symptômes varient en fonction du nutriment insuffisant, plusieurs signes de détresse sont communs à toutes les carences, notamment :
- La fatigue ;
- La faiblesse ;
- Les problèmes respiratoires ;
- Le changement d’appétit ;
- La pâleur ;
- La perte de cheveux ;
- La constipation ;
- Les troubles cardiaques (palpitation) ;
- La dépression ;
- Le manque de concentration.
Tous ces symptômes n’apparaissent pas forcément ensemble et l’organisme peut même s’adapter à la plupart d’entre eux. Il est toutefois conseillé de consulter un médecin dès qu’ils durent trop longtemps, notamment lorsqu’ils perturbent le quotidien.
Diagnostic et traitement
La carence nutritionnelle est facilement détectée par un médecin lors d’un entretien oral, mais une analyse de sang ou une formule sanguine complète (FSC) sont les plus fiables.
Pour le traitement, un régime spécifique suffit parfois à combler les apports qui manquent à l’organisme. Néanmoins, en cas de grave carence, le médecin prescrit des suppléments ou envoie le patient chez le diététicien qui va lui établir un journal de bord alimentaire et surveiller sa santé.
En général, les symptômes d’une maladie qu’aurait causée une carence nutritionnelle disparaissent après ce régime. Il faudra alors refaire une analyse de sang après plusieurs semaines pour vérifier si le problème est résolu.
Complications
Lorsque le régime ou les suppléments n’arrivent plus à corriger la carence nutritionnelle, les nutriments doivent être introduits par voie parentérale, soit dans les muscles, soit dans les veines. Le patient est alors hospitalisé et peut souffrir de quelques effets secondaires. Lorsqu’il s’agit d’un manque de fer par exemple, l’administration parentérale peut induire des allergies, des vertiges, des douleurs dans le dos ou les muscles, des frissons ou des évanouissements.
Ce traitement est alors proposé avec plusieurs autres soins hospitaliers. Malheureusement, certains cas très graves peuvent laisser des séquelles quand bien même la carence serait guérie. Ainsi, en cas de manque grave de vitamine B1, le patient enfant souffrira d’un arrêt de croissance, certains peuvent être victimes de dépression ou même de démence (Wernicke-Korsakoff).