La vente des médicaments bientôt autorisée dans les grandes surfaces
Le projet d’amélioration de l’accès aux soins des Français continue de faire son chemin. Après la possibilité de prescrire directement certains médicaments en pharmacie, l’Autorité de la concurrence émet également son avis favorable sur la vente de certains médicaments en grande surface. Elle préconise un assouplissement partiel, mais strictement encadré, du monopole de la vente des médicaments, pour ainsi autoriser leur dispensation en parapharmacie et en grande surface.
Améliorer l’accès à certains médicaments
Outre les centres hospitaliers, les centres de soins spécialisés et les pharmacies, les grandes surfaces figureront prochainement parmi les distributeurs de certains médicaments ne nécessitant pas directement une ordonnance médicale. Cette nouvelle disposition s’appliquerait essentiellement pour :
- les médicaments à prescription médicale facultative, notamment ceux contre le rhume, les maux de gorge ou les plaies superficielles ;
- les dispositifs médicaux de diagnostic in vitro, notamment ceux du test de dépistage du VIH, du test de diagnostic de la maladie de Lyme, des lecteurs de glycémie, du dosage de cholestérol, etc. ;
- certaines plantes médicinales inscrites à la pharmacopée ;
- certaines huiles essentielles jusque-là accessibles uniquement en officines.
Ouverture à une plus grande concurrence dans les ventes de médicaments
Si les pharmacies ont jusqu’à présent été les seules à pouvoir distribuer et vendre ces médicaments et dispositifs médicaux, l’Autorité de la concurrence affirme, elle, une « pleine justification du monopole pharmaceutique ».
L’objectif de cet assouplissement de la vente est ainsi d’ouvrir la distribution et le marché des médicaments en France à une plus grande concurrence, et ainsi faire baisser leurs prix au bénéfice du pouvoir d’achat du patient. Les prix pourraient baisser de 15 %, en comparaison de ceux affichés dans les pays voisins au sein de l’Union Européenne.
Toutefois, l’Autorité de la concurrence émet de vives recommandations quant au suivi lors de la mise en vente de ces médicaments et produits dans les rayons des grandes surfaces. En effet, chaque médicament devra obligatoirement être délivré sous la surveillance d’un pharmacien diplômé, et dans un espace dédié bénéficiant d’une caisse enregistreuse à part.
Un avis défavorable du ministère de la Santé
Si l’avis de l’Autorité de la concurrence a suscité l’intérêt des patients, et principalement celui des grandes surfaces, le ministère de la Santé, par la voix de sa ministre Agnès Buzyn, a par contre fait savoir que la mise en place de ce dispositif méritait une grande prudence.
Elle souligne en effet une « très mauvaise idée et un très mauvais signal » si l’on tient compte de la « désertification médicale, de l’abandon des territoires et de la fragilité des petites pharmacies en zone rurale ». Elle insiste par ailleurs sur le fait que des « lignes jaunes » ne sont pas à franchir en vue de « banaliser les médicaments et en favoriser le mésusage ».
Le pilulier, ou la prise de médicaments autrement
Dans cette optique de rendre les médicaments plus accessibles aux patients, une nouvelle pratique arrive également sur le circuit de la distribution des médicaments, les pharmacies proposant de préparer et livrer le pilulier à domicile. Faisant parvenir l’attestation de sa carte vitale ou de mutuelle, de ses ordonnances ainsi que de son numéro de téléphone au fournisseur, le patient qui suit un traitement chronique se fait directement livrer ses médicaments à domicile, par semaine ou par mois. L’objectif étant de lui faciliter l’approvisionnement ou le port des médicaments, mais également de l’aider à ne pas oublier un médicament spécifique lors de ses déplacements.