Une pénurie de médicaments sur le territoire inquiète le Sénat
En 2017, la France enregistre 530 médicaments en rupture de stock, soit 30 % de plus que ce qui a été relevé en 2016. Ce constat, publié par l’académie nationale de la pharmacie dans son rapport datant du 20 juin 2018, a sonné l’alarme auprès du Sénat et de l’ANSM.
Couvrant toutes les catégories de traitement médicamenteux, cette pénurie touche principalement trois catégories : les anti-infectieux, les anticancéreux et les médicaments du système nerveux.
Une pénurie affectant diverses aires thérapeutiques
Après la pénurie de médicaments en 2013, le pic enregistré par l’académie nationale de la pharmacie en 2017 a alarmé le Sénat et l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament). Et, pour cause : la rupture de stock de médicaments a fait un bond de 30 % de plus que celle enregistrée en 2016.
Plus alarmant encore, la rupture de stock de médicaments touche les aires thérapeutiques importantes. Mais, trois catégories de médicaments se retrouvent à la tête de la liste.
C’est notamment le cas des anticancéreux comme le 5FU ou la vincristine, les antibiotiques, dont l’amoxicilline, et les anti-infectieux. Pour cette dernière catégorie, l’ANSM souligne que les vaccins sont les plus touchés et sont en rupture depuis 2015. Les médicaments du système nerveux font également partie des catégories touchées par la pénurie.
Une situation qui alerte le Sénat
La situation a mis en alerte les experts, mais aussi le Sénat. Pour faire face à cette situation de rupture de stock et tension d’approvisionnement, la haute assemblée a mis en place une mission d’information.
Le but de cette mission est de faire un état des lieux des ruptures de stock sur les médicaments ou les vaccins. Le cas échéant, les Sénateurs entendent proposer des solutions pour corriger cette dégradation de l’approvisionnement en médicaments. Les premières auditions de cette mission d’information ont eu lieu le 5 et le 6 juillet dernier.
À noter que, pour parer à une éventuelle pénurie de médicaments, des mesures ont déjà été mises en place. Le plan de gestion de pénurie qui date de 2017 en fait partie.
Une situation aux raisons multifactorielles
Face à cette mission d’information de la chambre haute, le directeur de l’ANSM Patrick Maison énumère plusieurs raisons qui sont à l’origine de cette pénurie. Selon cet expert, l’équilibre entre l’offre et la demande en est la première cause. Mais, il a également souligné l’importance des problèmes dans la chaîne de production, le défaut de qualité des produits finis et la difficulté d’approvisionnement en matière première.
Pour l’Académie de Pharmacie d’autres facteurs sont à souligner, notamment la règlementation ou le prix français des molécules indispensables. Selon cette dernière, les laboratoires n’ont que peu d’intérêts à investir dans la fabrication d’antibiotiques ou d’anticancéreux du fait de leur prix.
Les E-Pharmacies comme alternative
Selon l’ANSM, une communication plus précise de la durée de la rupture et une meilleure coordination au niveau européen seraient les solutions qui conviennent le mieux. La présidente de la Haute Autorité de Santé recommande, quant à elle, une anticipation pour faire face à la croissance des demandes. Selon les académiciens, une révision du prix de certains produits indispensables serait aussi une solution. Cette dernière solution a d’ailleurs réveillé l’intérêt du sénateur Yves Daudigny.
En attendant que le problème soit clairement résolu, les pharmacies en ligne restent une alternative intéressante pour acheter ces médicaments. Existant depuis fin 2012, les E-Pharmacies ou parapharmacie en ligne peuvent aujourd’hui exercer pleinement en France. Mais, bien que la vente soit autorisée, avec ordonnance et décret, elle reste très encadrée. Généralement, les sites E-Pharmacies sont liés à des Officines physiques et ont eu l’accord de l’Agence régionale de Santé.