Une greffe de la trachée réalisée avec succès par des chirurgiens français

C’est une première mondiale : une équipe de chirurgiens français a réussi la greffe d’une broche artificielle à un patient atteint d’un cancer du poumon. L’exploit a été réalisé sur 12 patients qui ont reçu chacun une greffe de trachée et d’autres voies respiratoires.
 

Une prouesse médicale sans précédent

C’était le dimanche 20 mai dernier qu’a été publié dans la revue scientifique Journal of the American Medical Association (JAMA) le succès de la greffe d’une broche artificielle à un patient qui présentait un cancer du poumon. L’équipe de chirurgiens du professeur Emmanuel Martinod, chef du service thoracique à l’hôpital Avicenne de Bobigny (Paris) a ainsi réalisé une prouesse médicale sans précédent. Elle s’est servi d’un morceau d’aorte (canal sanguin) provenant d’un patient décédé pour remplacer une partie du conduit respiratoire (trachée) du patient.

Les patients, qui vivaient alors avec une trachéotomie, ont tous été guéris, à l’exception d’un qui est décédé. Les premières transplantations ont été effectuées sur 13 patients en 2009, alors que la trachée faisait encore partie des organes résistant à la transplantation.

 

« L’aorte s’est transformée en trachée »…

C’est en cette phrase que le médecin a résumé le processus d’intégration de la bronche artificielle. Dans la pratique, une partie d’aorte abdominale d’un patient décédé a été utilisée, ainsi qu’une sorte de ressort métallique de très petite taille (un « stent ») pour assurer la rigidité du conduit. L’aorte a alors été mise à la place de la trachée touchée, l’organisme a fait son travail, et l’aorte s’est transformée en trachée. En effet, le cartilage à l’intérieur de la trachée et la couche cellulaire à sa surface se sont reconstitués. Les médecins n’avaient plus alors qu’à retirer le « stent ». Après analyse, l’équipe a constaté que l’aorte n’induisait que peu de réactions immunitaires, ce qui ne nécessite aucun traitement antirejet.

 

Un résultat probant après de nombreuses tentatives

Auparavant, un chirurgien italien, le professeur Macchiarini a cultivé in vivo en laboratoire une trachée plastique, et a tenté la même expérience. Entre 2011 et 2014, sept patients sur les huit que le professeur a opérés sont décédés. Quelques fraudes ont été révélées dans les résultats des travaux du chirurgien, portant atteinte à sa réputation et à celle de l’institut Karolinska de Stockholm, où il exerçait.

L’équipe de chirurgiens français a pris son temps avant de publier les résultats de leurs travaux dans la revue prestigieuse JAMA. Il faut toutefois savoir que la première idée de se servir du corps humain pour créer des organes artificiels a vu le jour depuis 20 ans ! Depuis, de nombreuses recherches ont été effectuées, mais quelques organes ont toujours rejeté l’organe transplanté. Jusqu’au jour où le professeur Emmanuel Martinod et son équipe ont réussi l’exploit ! Sur les 13 patients opérés, seul un n’a pas survécu. Un des patients a confié qu’il avait subi de nombreuses opérations avant d’arriver à ce résultat. Si auparavant, il peinait beaucoup à se lever et à marcher aujourd’hui il parvient même à courir !