Les pénuries de carburants peuvent-elles gêner SOS Médecin ?

Ces dernières semaines, on a beaucoup parlé de colère, mais très peu de la santé ou du désarroi des infirmières, tant il est difficile de se faire une place dans l’actualité. Dès le premier jour de mobilisation du mouvement « Gilets jaunes » le 17 novembre dernier, des membres du gouvernement ont mis en cause des manifestants et blocages concernant certains décès ou blessures graves. Si cette stratégie de communication n’a semble-t-il pas fait mouche auprès de l’opinion, beaucoup peuvent à bon droit s’inquiéter de routes bloquées ne pouvant que retarder les services de secours.

De même, si les autorités espèrent un apaisement après l’allocution télévisée du président de la République Emmanuel Macron lundi soir, rien n’est encore définitivement gagné. Les pénuries de carburants, sensibles dans l’Ouest au début du mois, pourraient se poursuivre voire s’accroître. Mais quel serait leur impact sur les services de secours ou encore SOS Medecin ?

 

De premières pénuries très localisées

Les raffineries et dépôts de carburant n’ont pas été les premières cibles des groupes de « Gilets jaunes » les plus actifs. Mais certains de ces lieux ont été ou sont bloqués, notamment là où le contexte géographique permet un blocage plus facile : les ports de Brest et Lorient par exemple. Dès le 3 décembre 2018, cela a été le cas de l’extrémité occidentale de la Bretagne, le préfet du Finistère ayant carrément dû prendre des mesures d’urgence. C’est ce dont se faisait récemment l’écho, avec forte inquiétude, le journal local Le Télégramme.

Or, si le défaut de carburant gêne de très nombreux usagers, aussi bien pour des déplacements personnels que professionnels et scolaires, c’est aussi une catastrophe pour certains services. Parmi eux nous trouvons les taxis et VSL, mais aussi les ambulances des services d’urgence ou encore les médecins libéraux. Heureusement, tous ces « véhicules prioritaires » font l’objet de privilèges en cas de pénurie grave, les services administratifs pouvant aller jusqu’à imposer des réquisitions pour leur compte. L’objectif visé est logiquement de permettre le fonctionnement (presque) normal des services de première nécessité dont font nécessairement partie les secours et déplacements médicaux.

 

vehicule officiel sos medecin

 

Jusqu’où peuvent aller les réquisitions ?

La situation peut s’améliorer dans les semaines à venir, mais elle pourrait également empirer après le 1er janvier 2019. Le report des hausses des taxes sur les carburants devrait permettre de faire gagner un mois sur de nouveaux mécontentements majeurs, mais dès la première fiche de paie de l’année prochaine le prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu entrera en vigueur. Cette nouveauté pourrait créer de bien mauvaises surprises pour de nombreux salariés, et des blocages plus vigoureux encore que ceux de l’heure présente pourraient se faire jour.

Dans une telle situation, comme on a pu quelques jours le vivre avec les contestations contre la « loi travail », la pénurie de carburants pourrait ne plus concerner le seul Finistère, mais l’ensemble de l’Ouest puis de l’Hexagone. Mais que l’on se rassure : en cas d’urgence, un service minimal sera longtemps garanti grâce à des mesures préfectorales. Le service SOS Médecin Angers n’aurait par exemple nul souci à se faire. Pendant un certain temps du moins, car si vraiment les pompes sont à sec, les prioritaires ne seront prioritaires que pour… du vide.

La première chose à savoir, c’est que ces véhicules considérés comme prioritaires ne sont jamais obligés par les restrictions préfectorales qui inaugurent toute pénurie digne de ce nom (exemple : pas plus de 20 € de carburant par jour et par véhicule). L’étape suivante, si la pénurie se poursuit, c’est la réquisition de stations-service entières pour que le carburant qui leur reste ne serve qu’aux véhicules prioritaires, en exclusivité totale. La dernière étape, c’est éventuellement l’approvisionnement de cuves spéciales réservées aux usagers prioritaires… à condition que l’on puisse faire venir du carburant d’ailleurs. Cela signifie qu’en cas de pénurie totale et prolongée à l’échelle nationale les services de secours et essentiels seraient sévèrement impactés.